C'est extra, c'est extra, c'est extra...
Nous vivons sur les ruines du futur. Pour Olivier Passet, directeur de recherche chez Xerfi, qui abordait ce sujet le 7 décembre sur la chaine Xerfi Canal, les taux d’intérêt sont l’expression de notre relation au temps. Effondrés, ces derniers traduisent la recherche de profitabilité et un repli sur le passé. Les entreprises actionnent le levier de l’endettement en alimentant un jeu d’enchère sur le capital existant, tandis que « les Etats ne s’attachent qu’à maintenir en état de survie artificielle l’économie du passé, loupant l’occasion de mettre sur les rails, à taux zéro, la transition écologique ».
Pas une once de confiance en l’avenir dans les comportements des acteurs économiques… Les seules envolées des marchés sont des bulles générées par des « promesses » : Le 9 novembre, l’annonce d’un résultat positif du vaccin Pfizer contre la Covid a fait flamber les cours ! On attendrait du PDG Albert Bourla qu’il manifeste son soutien à cet enthousiasme : à l’inverse, il a alors vendu pour 5,6 millions de dollars d’actions de son laboratoire… Le cours de la Bourse n’a rien à voir avec la vraie vie !
Solvables oui, mais pas viables
Les limites, on flirte avec elles, on les dépasse et à un moment… cela devient insoutenable ! Ce 5 novembre, quand les chaînes d'information MSNBC, NBC News et ABC News ont interrompu le discours du président-candidat Trump, qui reprenait des « fake news », nous avons assisté à un moment unique : la censure d’un président ! « Stop !», ont décrété les trois chaînes dont les speakers ont mouché le président. « This is a wild moment », a twitté le commentateur politique de NBC News, Danny Freeman.
Pourquoi est-ce arrivé ce jour-là ? Comment les médias ont-ils pu s’arroger un tel droit ? Ont-ils craint d’engager leur responsabilité en laissant la « noyade verbale » engager le pays dans la violence ? Ou bien est-ce la simple possibilité juridique permise à ces médias, dès lors que la victoire de Biden était devenue imminente?
Ecoutez, ça pousse...
Faut-il être malmené, annulé, reporté, délocalisé, improvisé… pour trouver sa justesse ? En tout cas, Les GERMINATIONS qui se sont tenues - à contre saison ! - les 24 & 25 septembre dernier avaient un goût de… miracle. Elles ont permis de savourer un moment rare. Dans la sincérité.
Le ton a été donné d’entrée de jeu par Hélène le Téno dont le parcours mis à nu atteste de l’immense défi de trouver sa place dans une économie largement destructive. Au passage il faut s’interroger : faut-il continuer à former des jeunes dans des métiers dépassés ? Deux ex-étudiants, Tanguy Descamps (du mouvement La Bascule) et Romain Olla (du Réveil écologique) ont mimé la situation d’atterrissage en catastrophe où nous sommes. Il en faut du courage pour se situer en terrain incertain et trouver comment soigner les déséquilibres qui se multiplient. Quoi faire, demandent-ils ? Seule l’imagination, guidée par la connaissance et stimulée par « l’émerveillement de faire partie de l’extraordinaire aventure d’être vivant », peut donner l’énergie nécessaire pour « durer et grandir dans l’imprévisible », affirmait Mireille Delmas-Marty dans un article paru dans AOC, « Vivre ensemble dans un monde déboussolé ».
Les GERMINATIONS pour INVENTER DES DEMARCHES CONTRIBUTIVES
En quelques mois, les publicités pour la voiture diesel ont disparu. On ne vante plus non plus le vol Paris-Bordeaux en 1h10 ! Les temps changent… mais les « patrons effondrés » qui pilotent des « actifs qui risquent de s’échouer » (stranded assets), vont-ils pour autant pouvoir rebondir ? Après les industriels du charbon ou du pétrole, ceux de l’automobile, tous ceux qui fabriquent du béton, des plastiques, des pesticides… ont-ils les moyens de revoir leur modèles d'affaires pour les réadapter aux exigences du scénario 1,5°C ?
Rien n’est moins sûr, tant les acteurs restent assis sur leurs acquis : « Seulement 6 % des acteurs testent sur un volume d’actifs limité des méthodologies d’évaluation chiffrée des risques financiers », rapporte Novethic, qui mentionne que cela couvre « un montant cumulé de 151 milliards d’euros, soit près de dix fois moins que les volumes d’encours couverts par la mesure d’empreinte carbone de leurs portefeuilles ». Et c’est sans compter les risques écosystémiques (effondrement des ressources, chute des rendements due au réchauffement…) que l’OCDE avait largement explicités dans son rapport pour le G7 environnement (Biodiversity : Finance and the Economic and Business Case for Action). Les assureurs (et les ré-assureurs) sont aussi formels : les risques systémiques induisent des coûts croissants qui obligent à « développer des politiques de prévention efficaces ». En bref, certaines activités deviennent véritablement insoutenables : les générations futures attendent d’autres modèles économiques… Non, il n’y a plus d’ancien monde où se réfugier.
Les GERMINATIONS pour S’INITIER A LA COMPTABILITE ECOLOGIQUE
Universités d’été de l’économie de demain (UEED), notamment dans la bouche de Laurence Tubiana, ambassadrice de la France pour le climat: « C’est maintenant ou jamais ; ce serait criminel de maintenir l’industrie telle qu’elle est, notamment le secteur automobile », a-t-elle affirmé, laissant Aurélien Barrau conclure : «Tout n’est pas compatible avec tout, le pillage des pays du sud n’est pas compatible avec une vie décente… » Au fond, « c’est toute l’économie actuelle qui s’avère incompatible avec le vivant », ai-je repris lors de la table-ronde dédiée à la fiscalité.
Conditionner la relance à la reconstruction écologique de l’économie. Tel fut le leitmotiv martelé lors des Sur cette « économie malade », faut-il mettre des pansements, des attelles, la traiter à la cortisone, ou… revoir son organisation. Faut-il atténuer les dégâts, compter sur la RSE ou les déclarations ESG (environnement, social et gouvernance) ou en finir avec des pratiques toxiques ? Et comment donc peut-on aujourd’hui désintoxiquer l’économie ? La réponse est assez simple : tenir compte des limites écologiques et planétaires. Juste revenir aux réalités qui conditionnent l’habitabilité de la Terre : mesurer nos impacts pour les réduire drastiquement. Bref adopter collectivement le régime de transition écologique.